Est-ce que le cash va disparaître en Suisse ?
Après la question de l’avenir du chèque en France, c’est au tour de l’argent liquide en Suisse d’être interrogé sur sa prospérité. En 2017, 70 % des transactions en Suisse étaient réalisées en cash, contre 36 % seulement en 2022.
Est-ce que le cash est amené à disparaître en Suisse ? Une question polémique auquel meilleurtauxdechange.ch tente de répondre.
À quand la fin de l'argent liquide ?
L’utilisation du cash en baisse
Le cash fait partie du paysage helvète depuis des années. Très apprécié des Suisses, l’argent liquide semble pourtant de moins en moins utilisé depuis 2019. En effet, lors de la pandémie de Covid-19, l’utilisation de la carte bancaire était fortement recommandée, voire même obligatoire, pour éviter les contaminations croisées (transfert d’un virus ou d’une bactérie par les mains, à travers des objets). Cette mesure pourtant temporaire est devenue une habitude chez les Suisses, notamment chez la jeune génération.
Les raisons invoquées
Comme mentionné précédemment, la pandémie de Covid-19 a réduit considérablement l’utilisation de l’argent liquide. Mais l’épidémie n’est pas la seule cause à la potentielle disparition du cash en Suisse. En effet, avec l’expansion des moyens de paiement digitaux comme les applications en ligne (Twint, Apple Pay, Fitbit Pay, etc.) et la possibilité de paiements par carte bancaire sans contact, l’argent liquide a du souci à se faire. Plus besoin de faire l’appoint, pas de porte-monnaie rempli de petites pièces inutilisables : l’argent est à portée de main dans son smartphone.
Les conséquences de la disparition de l’argent liquide
La numérisation totale des paiements inquiète autant qu’elle intrigue. Alors que les jeunes générations sont déjà habituées à régler par carte bancaire physique ou virtuelle, les aînés gardent encore l’habitude du cash : économies à la maison, don de son vivant aux enfants et petits-enfants, facilités de comptes et gestion des dépenses quotidiennes, etc.
Pour les ménages, l’argent liquide est un plan B, une sorte de système de back-up qui permet de subvenir à ses besoins en cas de blocage des paiements par cartes, d’un piratage de données bancaires ou même d’un blackout informatique.
La vie privée mise en jeu
Mais il n’y a pas que les aînés que la disparition de l’argent liquide et l’aspect peu inclusif dérangent. Outre ce changement dans la vie financière des ménages, un aspect fait polémique : la traçabilité des actions et des transactions de chacun. En effet, les paiements exclusifs par voie digitale « comportent un risque massif de surveillance totalitaire » comme le mentionne le MLS (Mouvement Liberté Suisse).
Selon Jean-Pierre Diserens, fondateur de Fidurhône SA (société de gestion de fortune et de fiducie fiduciaire agréée par la Commission fédérale des banques de Genève), la fin de l’argent liquide impose une traçabilité obligatoire et évidente des dépenses de chaque individu. Il estime que « les dépenses du citoyen ne regardent absolument pas l’État ». Il y voit même certaines restrictions comme la limitation des retraits, voire des contraintes plus restrictives encore.
Malgré l’impact de la disparition du cash en Suisse sur la vie des citoyens, seules deux initiatives populaires ont été lancées par le MLS. Le premier mouvement avait accueilli 160 000 signatures en février 2023.
Quel pays n'a plus d'argent liquide ?
L’émergence du « cashless » ou « cashfree »
Le « cashless » ou « cashfree » sont des termes émergents qui signifient que l’utilisation de l’argent liquide n’est pas possible, voire pas autorisé. Certaines enseignes ou certains établissements comme les restaurants alémaniques Wiesner Gastronomie sont ainsi devenus « cashless » : c’est-à-dire qu’ils n'acceptent plus les paiements en liquide (depuis 2023). Certains pays, notamment en Scandinavie, prônent ouvertement ces deux notions de « paiements sans cash ».
Cette mention inquiète le MSL qui, lors de sa deuxième initiative, a mis l’accent sur l’importance de ne pas voir émerger le « cashfree » ou le « cashless » en Suisse. Ils réclamaient que l’argent liquide ne puisse jamais être refusé dans les établissements de vente de détail, les commerces, dans les transports en commun, chez les prestataires de services, lors des festivals ou sur les marchés.
Les pays sans cash
La Suisse n’est pas le premier pays à voir disparaître son argent liquide. Avant elle, d’autres pays ont fait l’expérience de paiements uniquement dématérialisés. Selon le Boston Counsulting Group (BCG), la Norvège, la Finlande et la Suède sont les trois pays qui ont le moins recours à l’argent liquide dans le monde derrière l’Australie et le Danemark. La Suisse se rajoutera-t-elle à la liste ?
Les pays en transition et les pro-cash
Certains pays sont dans l’intermédiaire. Ils sont en phase de transition vers une société sans argent liquide, mais le chemin est encore long. Parmi ces pays, on retrouve la France et le Canada, où 57 % des paiements se font par carte bancaire. L’Angleterre aussi est entre deux feux : selon les prédictions annoncées, l’utilisation des livres sterling ne représenterait que 6 % des paiements d’ici 2032. Pourtant, depuis l’inflation de 2022 et 2023, de nombreux foyers ont nouvellement recours à l’argent liquide pour gérer leurs budgets. Un revirement de situation qui pose le doute…
Cependant, certains pays refusent de se séparer de leur cash : l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne et l’Autriche luttent pour conserver le droit de payer en pièces et en billets n’importe où.
Malgré l’émergence de la vie sans cash, certains pays font marche arrière : la Suède, qui avait imposé des paiements totalement numériques, est revenue sur sa décision en 2020 pour voter une loi obligeant les banques à fournir des services en liquide. La Suisse pourrait ainsi suivre le même chemin, ouvrant la voie à l’ère des paiements numériques, mais à quel niveau ? Meilleurstauxdechange.ch reste à l’écoute pour vous informer du futur, aujourd’hui incertain, de l'argent liquide en Suisse.